Rencontre avec Yvan Gastaut, historien et chercheur UNSA et URMIS

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A l’occasion d’une table-ronde organisée pour les scolaires au Centre Histoire et Mémoire dans le cadre de la 4ème Biennale Régionale du RHMI PACA sur le thème « Le sport est-il l’occasion d’une véritable fête collective ? » rencontre avec un enfant du pays, intellectuel brillant, qui n’a de cesse de revisiter ses racines.

 

Yvan GASTAUT, parlez-nous de votre parcours professionnel

J’ai commencé ma carrière comme instituteur… à Beausoleil, il y a déjà quelques années.

Il y a maintenant vingt ans, j’ai publié ma thèse, sous la direction de Ralph Schor, traitant le thème de l’immigration et l’opinion publique en France sous la Ve République.

Aujourd’hui, je suis chercheur, notamment membre du laboratoire URMIS (Unité de recherches migrations et société) à l’Université de Nice Sophia Antipolis.

Mes travaux universitaires portent sur les questions migratoires en France, en Europe et en Méditerranée dans une dimension sociale, politique et culturelle.

Je m’attache à analyser comment l’interculturel provoque à la fois richesses et réticences.

Je suis Historien de l’époque contemporaine (XIXème-XXIème siècles) et Maître de conférences à l’université de Nice Sophia Antipolis, UFR STAPS.

 

Quels sont vos domaines de prédilections ?

 Comme tous les beausoleillois de ma génération, je suis né à Monaco, et je suis très attaché à ma ville natale Beausoleil.

Ma passion c’est le foot. Je préside « We are football », à l’Université de Sophia Antipolis, où j’enseigne. L’objectif de cette association est de travailler sur les aspects culturels, historiques et mémoriels de ce sport.

Mon autre passion sont les media. Je collabore régulièrement avec France Culture, Libération, L’Histoire, Nice-Matin où je tiens une chronique… J’interviens aussi en tant qu’historien du foot sur des plateaux télé, tels que par exemple « C dans l’air ».

J’ai écrit de nombreux ouvrages et plusieurs en collaboration avec notamment le journaliste Claude Askolovitch ou l’historien Pascal Blanchard.

Pour parler plus local, je suis aussi toujours resté très attentif à Beausoleil.

J’ai publié « Beausoleil en images » qui est un joli recueil sur l’histoire de la Ville, lorsque je présidais l’Université Dans la Ville de Beausoleil.

J’ai écrit sur l’histoire des « Ligures et Piémontais du Tonkin à Beausoleil (1880-1930) notamment paru dans les Cahiers de la Méditerranée n° 58, ou encore « Monaco, Beausoleil face à l’immigration italienne (1860-1930).

De nombreux travaux que je dirige porte sur la Mémoire et Identité de la frontière comme par exemple l’étude des migrations de proximité entre les provinces ligures et les Alpes-Maritimes.

Je suis également membre du Conseil d’Orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris, au côté du Président Benjamin Stora.

J’ai notamment été Commissaire de l’exposition « Frontières » en 2016, conjointement à Catherine Wihtol de Wenden Docteur en Sciences politiques.

Cette exposition a été montée pour faire comprendre le rôle et les enjeux contemporains des frontières dans le monde et retracer les histoires singulières de ceux qui les traversent aujourd’hui. Elle a connu un vif succès et a d’ailleurs dû être prolongée.

Mes activités sont très diversifiées, et je ne peux pas toutes les évoquer ici.

La plupart de mes travaux ou les références de mes ouvrages sont disponibles en ligne.

 

Comment êtes-vous venu à vous intéresser aux travaux du RHMIT en PACA ?

En fait, à la demande de l’ACSE (Agence nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances) j’ai mené une enquête sur l’Histoire et mémoires des immigrations en région PACA, Récit historique, en 2008.

Le Réseau HMIT est né comme une préconisation du vivre ensemble, porté à la fois par des associations, des chercheurs universitaires, des institutions patrimoniales musées, bibliothèques, archives, des collectivités, et le ministère de la Cohésion Sociale.

Depuis ce Réseau a grandi, il est coordonné par l’Association Approches Cultures et Territoires, et la Ville de Beausoleil l’a rejoint à ses débuts en 2010.

En 2011 est lancée la Biennale Régionale du RHMIT, et 2017 est la 4ème édition, qui regroupe de septembre à décembre, l’ensemble des manifestations en PACA.

Cette année la thématique en est « Histoire Mémoire Patrimoine et Citoyenneté ».

Si j’ai été à l’origine de cette organisation aux côtés de nombreux acteurs du territoire PACA, je suis très heureux que mes amis de Beausoleil aient repris le flambeau.

Le 1er magistrat Gérard Spinelli a même accéléré les choses en inaugurant le Centre Histoire et Mémoire Roger Bennati en septembre. Cet aboutissement va au-delà de tous mes rêves pour ma ville d’origine.

Avec mes collègues et amis des archives et de la Commune, Cathie Veran, Martine Le Gal, et Carole Laffont, mais aussi avec un autre beausoleillois émérite Georges Vigarello, historien, philosophe, nous imaginons à chaque fois une illustration de la thématique régionale. Nous formons en quelque sorte une équipe pluridisciplinaire pour l’organisation de la Biennale.

Aussi, notre particularité est d’écouter la parole des habitants, des associations, de recueillir leurs témoignages sur la mémoire et l’histoire locale. Nous nous attachons à mettre en lumière ce patrimoine immatériel qui risque, si nous n’y prenons garde, de disparaître.

 

Quelle sera votre actualité pour cette Biennale ?

Il va sans dire que je participe à toutes les éditions de la Biennale à Beausoleil.

Nous avons « breveté » une méthode. Nous co-construisons un parcours de balade urbaine à partir des témoignages des habitants, avec la participation d’experts de tout horizon, des archivistes, historiens, géographes, architectes, juristes, urbanistes, jardiniers… qui animent cette découverte des lieux de mémoire et d’histoire de notre territoire.

Et ensuite, nous faisons un « retour » de balade, où chacun s’exprime sur ses ressentis, apporte ses récits, sa mémoire, et à partir de ce matériau nous fabriquons une mémoire locale et partagée. Cette mémoire peut-être maintenant « déposée »  au Centre Histoire et Mémoire Roger Bennati de Beausoleil et disponible pour les chercheurs particuliers ou professionnels.

Cette année nous innovons encore, puisqu’une comédienne/réalisatrice du Réseau, Bénédicte Sire nous a rejoints. Elle nous fera découvrir sa nouvelle création pour « Beausoleil, une histoire de goûts », le 8 décembre. Nous ferons bien évidemment étape au Centre Histoire et de Mémoire Roger Bennati, et évoquerons « Un air de Fêtes », exposition ad hoc.

Auparavant, le mardi 21 novembre exactement, j’animerai un atelier « Le sport est-il l’occasion d’une véritable fête collective ? ». Je m’adresserai plus particulièrement aux jeunes de la commune.

A partir d’images audiovisuelles, de documents d’archives, je proposerai une lecture des événements sportifs, notamment du foot, de leur incidence dans l’espace public, de leur influence dans la formation de l’opinion. Jean-Louis Loli, Directeur des Sports, et Gérard Destefanis Adjoint au Sport de la Ville seront mes complices pour cette après-midi.

Nous souhaitons continuer à expérimenter de nouvelles formules qui sont aussi autant de façon d’aborder des connaissances, de se former, de dialoguer ensemble, de discuter de ses opinions, qui forgeront en partie la relation aux autres dans la société. La construction de la citoyenneté passe aussi par l’histoire, la mémoire, le patrimoine, qui à Beausoleil, ne sont pas forcément en commun, sur un même territoire.

Renseignements pour la 4ème Biennale Régionale du RHMI PACA

Tél. 04 93 41 71 31 – [email protected]

Sites : www.villedebeausoleil.fr et www.rhmit-paca.fr rubrique Biennale 2017