Le Palais du soleil

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Pressentant la fermeture prochaine de la “ Villa Tivoli “, modeste, mais unique établissement

de jeux qui se tient alors dans la commune, quatre associés décident, au grand dam de Camille Blanc, qui craint une concurrence vis-à-vis du Casino de Monaco, de développer à Beausoleil, l’activité des jeux par l’ouverture d’un casino.

Très rapidement érigé (la mort d’un ouvrier est à déplorer lors de l’écroulement d’une voûte), le sélect établissement est inauguré le 29 janvier 1907, peu avant son rival le casino municipal inauguré la même année.

Rien ne manque dans ce petit Monte-Carlo. Baccara et petits chevaux, mais aussi music-hall restaurant et bar. Grâce au génie des frères Isola, hommes de théâtre réputés et responsables des spectacles, de grandes vedettes de variétés sont recrutées : Monnet-Sully, Mata-Hari, Otéro et une certaine Miss Helyett devenue plus tard, Mistinguett. La restauration n’est pas oubliée avec Nicolas, le cuisinier du célèbre restaurant parisien “ La Tour d’Argent “.

Par la suite, le Palais du Soleil devient sous la férule de la S.B.M., un grand music-hall avec des attractions de choix, vedettes parisiennes, revues, défilés de mannequins, ballets…

En 1944, lorsque la guerre éclate, l’établissement est transformé en hôpital auxiliaire sous l’appellation “ hôpital bénévole 97 bis “ et le reste, même après l’Armistice, jusqu’à l’évacuation des derniers blessés.

Dès lors, son exploitation est temporairement cédée par la S.B.M. à la Société Américaine Y.M.C.A. qui, pour distraire les soldats des Etats-Unis demeurés en France, y organise un music-hall américain avec jazz et dancing.

Après le départ des américains, la S.B.M. y crée l’évènement avec quelques manifestations

choisies : citons en 1920 un grand meeting de boxe avec Georges Carpentier, champion d’Europe et en 1921 l’exposition de l’activité industrielle et artistique française.

A partir de 1924, des sommes considérables sont alors engagées pour restaurer et moderniser ce vaste édifice qui prend désormais le nom de Capitol. Cabaret de nuit, dîners et soupers de gala, thés dansants et bals masqués, peuvent y accueillir jusqu’à 2 000 danseurs.

En 1928, l’administration de la S.B.M., toujours locataire, a alors l’idée de déplacer le cinéma des Beaux-Arts, dont les locaux sont glacials, au Capitol. En mars 1961, cette salle, une des plus vastes de la région, réouvre ses portes sous sa nouvelle dénomination “ l’Alcazar “.

Le 13 mars 1975, la Société Civile Immobilière du Palais du Soleil, représentée par le Prince Louis de Polignac, Président du Conseil d’Administration, vend l’ensemble de la propriété à la Société Civile Immobilière de l’Alcazar.

Dans les années 1970, l’Alcazar, non exploité depuis plusieurs années, vidé de son public, est alors dans un état de quasi abandon. Seul le grand orchestre national de Monte-Carlo l’utilise encore pour enregistrer ses concerts, l’acoustique de la salle demeurant l’une des meilleures d’Europe. Il est démoli en 1976.

Réalisée en ciment armé, selon les plans du célèbre architecte Edouard Niermans, de style Belle Epoque, la bâtisse est imposante, voire colossale. Immenses baies et colonnades, large fronton sculpté et grande tour, surmontée d’un paratonnerre, se partagent la façade. A l’intérieur, dans un faste recherché, se disputent fresques et stucs, colonnes et chapiteaux corinthiens, verrières et luminaires de cristal, rampes et balustres en fer forgé délicatement ouvragé. L’ensemble se veut grandiose et opulent.