Durant toute la fin du XIXe siècle et jusqu’à la veille de la 1ère guerre mondiale, la Côte d’Azur “ lancée “ par des artistes, des littérateurs et des hommes politiques de renom tels, Dufy, Mérimée, Maupassant, Flaubert, Colette, Leroux, Signac, Liegeard… devient la résidence d’hiver de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie européennes. C’est pour cette clientèle choisie et raffinée que sont construits les palaces azuréens.
Outre leur caractère luxueux, ils se caractérisent par une facture néo-classique, un ordre colossal, un plan tout en longueur (l’espace ne se prévoit pas encore en hauteur) et des travées répétitives. Le gigantisme est nécessaire pour accueillir une clientèle aristocratique qui se déplace en famille, accompagnée d’une imposante domesticité.
Le succès énorme qu’obtient la Société Internationale des Wagons-lits et des Grands Express Européens avec le Riviera Palace de Nice (Cimiez 1892) l’amène, à la demande de sa clientèle, à construire en 1898, sur un terrain acheté à Jean-Jacques Mercier, un second palace à Monte-Carlo supérieur, réalisé d’après les plans de l’architecte Georges Paul Chedanne. C’est le deuxième gros chantier de construction ouvert à Monte-Carlo supérieur. Il emploie très largement et, bien sûr, sans la moindre mesure de sécurité, la main d’oeuvre
italienne y compris les jeunes garçons, au péril parfois de leur vie.
Comme la plupart des palaces azuréens, il est exposé plein sud. Son élégante façade érigée sur une vaste terrasse est rythmée de nombreuses fenêtres, bow-windows, encorbellements, balcons et balustres de poterie.
A l’intérieur, citons le hall avec sa belle enfilade de colonnes, les salons de style empire, la salle à manger bleue et or, de style vénitien, ornée de panneaux provenant du Palais Grimari de Venise, les vitraux en grisaille qui ornent la cage d’escaliers et les dégagements finement peints de motifs modern’style. Le chef d’oeuvre de l’endroit, demeure, véritable cathédrale de verre, le somptueux jardin d’hiver, fruit de la transformation à la fin du XIXe siècle de la technique du métal et du verre plat. Exceptionnel par son ampleur, plus de 900 m2 sur 27 m de haut, il clôt l’espace dans une immense verrière veinée de fines armatures de fer. Edifié sur deux niveaux, il associe, dans une perspective très aérienne, galerie et rotonde, voûte ogivale et dôme, murailles de rocher et de verre.
Bien éloignés de pareils fastes, durant la grande guerre, les feux de
la fête s’éteignent. L’hôtel comme beaucoup de ses congénères, est transformé en hôpital militaire sous l’appellation “ hôpital bénévole 85 bis “.
La grande guerre terminée, les folles dépenses et les fastes d’antan ne sont plus de mise. Les Russes ne reviennent pas, le Riviera Palace périclite. Exsangue, le vieux palace doit sa survie à la société Philippe Lamaro qui l’achète et le transforme en appartements. Destinée commune à la plupart des grands palaces de la Côte d’Azur.
Haut lieu de villégiature pour la riche clientèle russe, austro-hongroise puis anglaise, il emploie jusqu’à mille personnes en pleine saison.