Pour pallier le danger que représente, pour le grand casino de Monte-Carlo, le Palais du Soleil et ne pouvant en empêcher ni la construction ni l’exploitation, Camille Blanc commence par lui refuser le titre de municipal et décide de faire immédiatement élever sur la commune un casino concurrent auquel il accordera le titre de municipal.
Le bâtiment est érigé très rapidement. Un premier nom, bien vite abandonné, est choisi “ le Palais des Fleurs “. Le casino ouvre en février 1907, en même temps que le Palais du Soleil. L’immeuble est somptueux. A sa façade toute stuquée, répond un intérieur richement décoré où se mêlent, dans une facture Belle-Epoque, stucs et peintures murales.
Par délibération du 4 septembre 1907, le conseil municipal autorise les jeux dans la commune. Le cahier des charges prévoit l’exploitation dans le casino municipal d’une salle de spectacles.
Ici comme ailleurs, casino et théâtre fonctionnent de paire. A l’époque, jeux et spectacles ont en commun d’être avant tout des lieux de convivialités mondaines. Avant même de jouer, de se distraire ou de se cultiver, il est de bon ton de se montrer. En outre, la proximité de prestations culturelles et de loisirs moralise en quelque sorte la pratique du jeu.
Mais en 1920, la nouvelle réglementation des jeux, en ce qui concerne le fonctionnement du jeu de la Boule, vient contrarier la bonne santé financière de l’établissement : le jeu doit être installé dans un local soigneusement clos et personne ne peut y pénétrer sans donner son nom et sans acquitter une taxe de 1,25 F. Cette formalité est tellement gênante que le joueur refuse de décliner son nom et de régler ce droit d’entrée ayant déjà payé sa place au spectacle. Il en résulte une diminution des recettes de 50 %.
Heureusement pour la ville, le casino n’avait pas dit son dernier mot. En 1924, Louis et Jean Louveau achètent l’établissement et perpétuent son succès par des spectacles prestigieux. Charles Trenet, Charles Aznavour, Tino Rossi, Dalida, Yves Montand, Léo Ferré, Johnny Halliday, Gilbert Bécaud… se sont produits sur la scène du casino municipal, sans oublier les matchs de boxe, de catch, divers congrès et conférences et, bien sûr, les nombreux bals et concours de danse qui faisaient la joie de toute la jeunesse de la ville et d’ailleurs.
A partir des années 1940-1941, les spectacles de théâtre et de music-hall se font plus rares. En décembre 1967, à la suite des fermetures successives des autres salles de cinéma, “ Rex “, “ Lux ” et “ Riviera “, s’ouvre une deuxième salle “ le Capri “, d’autres s’y adjoignent. Quant aux jeux, Baccara, Chemin de fer et Boule, ils font le délice des joueurs jusqu’en 1963, date de leurs fermetures.